Au début de notre histoire, il y avait le homo putans (l'être humain pensant), le premier humain préhistorique qui a commencé à analyser et à contrôler son environnement, en d'autres termes à penser.
Premièrement, il vit seul avec sa famille, assumant seul les tâches quotidiennes nécessaires à sa survie. Il chasse, construit et entretient sa maison, confectionne ses vêtements et ramène des volcans, le feu dont il a besoin pour se chauffer.
Plus tard, il devient homo sapiens parce qu'il s'organise en société, l'ayant compris ainsi, cela améliore considérablement ses chances de survie et de confort.
La première forme de société est la tribu, puisqu'auparavant il n'avait autour de lui que les membres de sa famille ; on ne peut donc pas parler de société à part entière.
Chaque tribu a son territoire, délimité par des obstacles naturels choisis par des combats ou par convention entre tribus. Ce territoire où la tribu fait sa loi, s'appellera quelques centaines d'années plus tard le lieu de juridiction et sa loi, la loi applicable.
De la vie en société, des désirs et des sentiments de chacun découlent les problèmes et les conflits qui l'obligent à établir les règles de la vie en société. Chaque membre de la tribu doit se soumettre à ces règles sous peine d'être exclu de la tribu. On trouve ici la première manifestation de la notion de ordre juridique.
Ces règles reconnaissent à l'homo sapiens des droits et des obligations, tels que le droit à une part du gibier chassé (venaison) et l'obligation de participer à la chasse, de contribuer par ses efforts. L'homo sapiens est donc sujet de droits et d'obligations.
La répartition des tâches naît aussi de la vie en société. L'homo sapiens lui-même n'effectue plus toutes les tâches quotidiennes nécessaires à sa survie. Il délègue la plupart d'entre eux à d'autres membres de la tribu et se spécialise dans un ou dans quelques-uns. Il se forme à exécuter ceux pour lesquels il se spécialise, améliore la qualité de son travail, crée des outils pour faciliter son travail. Il acquiert ainsi un métier.
Le fait que l'homo sapiens ne recherche plus tous les biens qu'il consomme, qu'il n'effectue plus les actions nécessaires à sa survie et à son confort crée la situation suivante : l'homo sapiens a besoin de biens et de services, alors qu'il offre certains biens et services. Des marchés sont ainsi créés par des groupes d'homo sapiens qui ont le même besoin.
D'où la nécessité d'un échange évident, qui se manifestera d'abord par le troc. Le chasseur échangera de la viande et des peaux contre du feu, des outils ou une habitation. Pendant longtemps, le troc sera le lot quotidien de l'homo sapiens.
Mais où déposer les produits de la chasse, comment les protéger des animaux sauvages, des intempéries et des tribus rivales ?
Dans les grottes, bien sûr, qui sont gardées par un groupe d'homo sapiens qui entretiennent les feux qui, à leur tour, chassent les bêtes sauvages. Ils combattent également les tribus rivales. Ces grottes sont l'ancêtre du coffre-fort, du caveau et même, nonobstant, de la banque.
En effet, si l'on ne parle pas encore de banque et même si les banquiers préfèrent se revendiquer comme issus des marchands de la Grèce antique, plus élégants, qui faisaient leur change et prêtaient sur un banc, d'où le terme banque.
En tant que banquier, il n'en reste pas moins qu'Athènes se situe quelques dizaines de milliers d'années plus tard et que les concepts sont déjà établis à l'ère préhistorique. (Quel dommage qu'on n'ait pas retrouvé la dépouille de l'homo banquier, j'aurais aimé avoir un squelette dans mon bureau, peut-être qu'ils étaient déjà trop pourris pour que leurs os puissent nous parvenir.. Mais la nostalgie me trompe.)
Cependant, le troc est impraticable et avec l'âge des métaux apparaissent les premiers signes d'un nouveau mode d'échange : la monnaie.
Ce mode d'échange révolutionnaire va tout changer. Au lieu de chercher un tailleur de vêtements qui a besoin de viande, le chasseur peut échanger sa viande contre de l'argent : c'est l'apparence de la vente. On n'échange plus, on ne vend, on ne se rend plus propriétaire par l'acte d'achat ; Pour acheter, il faut payer le prix, c'est-à-dire donner une quantité d'argent au vendeur. Le prix est fixé par un compromis entre l'offre du vendeur et celle de l'acheteur. L'homo sapiens commença alors à développer son métier, à systématiser son activité. On ne peut pas encore parler d'industrialisation faute de machine, mais on peut évoquer la notion d'entreprise, même si elle n'en est encore qu'au stade artisanal de base.
Quelques millénaires passent. Homo sapiens est devenu un homme. Les grottes sont devenues des banques. Avec la pratique du paiement, les banques ont dû apprendre à communiquer ; Comme il n'y a ni téléphone ni télex, les banques utilisent des billets de trésorerie pour donner instruction à leur correspondant local de remettre un certain montant au porteur ou au porteur. C'est le moment de la lettre de crédit (qui n'a rien à voir avec la « lettre de crédit » anglaise car on l'appelle en français la « lettre de crédit »). La lettre de crédit perdra de son importance avec l'apparition des moyens de communication modernes, jusqu'à aujourd'hui, sinon une rareté, du moins comme un instrument d'usage limité.
Cette petite rétrospective qui n'a aucune prétention historique, n'a qu'un objectif : démontrer que les fondamentaux de la finance et les concepts qui la régissent remontent à la nuit des temps, qu'ils ne sont pas une sophistication abstraite. Depuis que l'homme a commencé à penser, qu'il avait la volonté d'organiser puis d'entreprendre, sont apparues les notions qui ont créé la base de la naissance de la Finance. On voit que ses fondements vont de soi, que la Finance est humaine, sinon naturelle, malgré un aspect inhumain…